DIODATO, DATO E RICEVUTO
C'est donc Diodato qui, après avoir donné (dato) de sa voix à la fois douce et puissante dans sa chanson Fai rumore, a reçu (ricevuto) le prestigieux trophée du Festival de Sanremo 2020 ; tandis que, dans la catégorie Giovani Proposte, la chanson gagnante a été Vai bene così présentée par le talentueux Léo Gassmann, fils du célèbre acteur Alessandro et petit-fils de Vittorio du film "Le Fanfaron", inoubliable monument du théâtre et du cinéma transalpin.
Ceci dit doverosamente et avec grand plaisir, une question : les Niçois ont-ils la moindre idée de ce tsunami musical et émotionnel qui, une fois de plus et à une cinquantaine de kilomètres à peine de la Baie des Anges, a frappé la magique Città dei Fiori ? Car une chose est sûre : du 4 au 8 février, Sanremo est devenue la ville la plus frénétique et médiatisée du Bel Paese !
Dans ses rues et ruelles, un tourbillon de personnes et personnages avec ou sans badges et, devant le fameux Théâtre Ariston, des centaines de fans de tout âge et des dizaines de policiers, carabiniers et vigiles en uniforme. Sans compter la Sala Stampa du Festival avec son va-et-vient de journalistes et chroniqueurs italiens et étrangers, parmi lesquels, bien sûr, l'équipe de Nissitalie...
Voici donc, de la part de Lilli, Marina et Maurizio, quelques notes et images (les photos sans notre copyright étant des captures d'écran) sur la 70ème édition de ce creuset de la chanson qui a fait connaître au monde entier les meilleures voix de la Péninsule : Domenico Modugno, Gigliola Cinquetti, Eros Ramazzotti, I Ricchi e Poveri, Albano et Romina Power, Zucchero, Laura Pausini, Andrea Bocelli que vous connaissez sans doute...
AFFICHES
Que serait le Festival sans les mythiques affiches du magazine Sorrisi e Canzoni ?
PIANO-PAIN
Pendant le Festival, à Sanremo, les boulangers aussi se mettent au piano !
PAROLES, PAROLES, PAROLES
Des illuminations avec les paroles de Volare : le Corso Matteotti menant au Théâtre Ariston pouvait-il être mieux décoré ? Penso che un sogno così / non ritorni mai più / mi dipingevo le mani e la faccia di blu / poi d'improvviso venivo dal cielo rapito / e incominciavo a volare nel cielo infinito...
TOUS À L'ARISTON !
Le voici, le célébrissime théatre version "70ème by night" !
À NOUS LE ROOF !
Mais oui, la Sala Stampa du "Roof" nous attend (enfin, pas que nous...)
LA CHANSON A BONNE PRESSE
Dans la Sala Stampa, les médias étrangers (48 avec 81 envoyés) ont fait résonner leurs langues (de l'anglais au russe en passant par le français) et, au total, 1271 personnes entre radios, télévisions, web et presse écrite ont peuplé la Salle "Lucio Dalla" du Palafiori et, bien entendu, "notre" Sala Stampa de l'Ariston "Roof" où les grands journalistes italiens comme Marinella Venegoni du prestigieux quotidien La Stampa ont pris une fois de plus leurs quartiers.
Depuis le bar du "Roof", Marinella Venegoni avec vue sur les toits de Sanremo
La chanson qui a frappé Marinella dès la première soirée du festival ? « Achille Lauro a été stupéfiant. Au début je pensais qu'il voulait faire du Renato Zero, mais il semble qu'il s'inspire de Giotto ! Décidément, le langage du festival a bien changé ». D'autres préférences ? « J'ai aimé Élodie, et puis la chanson de Tosca et celle de Vasco Rossi pour Irene Grandi. Mais il y a peu de femmes et cela m'ennuie beaucoup. Il est vrai que cette année, à Sanremo, les femmes ont bien été mises à l'honneur ; mais davantage comme personnes que comme artistes ».
Poche ma buone, pourrions-nous ajouter ; et il y a fort à parier qu'elles prendront leur revanche l'année prochaine !
Marinella Venegoni à notre micro
QUATRE, TROIS, DEUX... QUATRE
Les Ricchi e Poveri que l'on vient de citer ? Li abbiamo visti ed ascoltati, nous les avons vus et écoutés, d'abord dans la Sala Stampa où ils faisaient face aux photographes et aux journalistes...
... et, un peu plus tard, sur la scène de l'Ariston devant les caméras de RAI Uno !
Ils étaient quatre à leurs débuts en 1967, puis trois, puis deux... et voilà qu'ils redeviennent quatre à Sanremo, pour une "réunion" on ne peut plus appréciée ! « Nous avons toujours été de grands romantiques », nous confie Franco Gatti le moustachu. « Nous sommes partis à quatre et j'ai toujours pensé que nous devions arriver à quatre. L'amitié est la seule valeur qui nous reste dans ce monde de plus en plus compliqué, et nous formons une seconde famille ». Dans la Sala Stampa ils nous ont offert quelques notes de leur célèbre Che sarà, mais les Français connaissent sûrement d'autres tubes parmi lesquels l'entraînante Sarà perché ti amo : devenue chanson thème du film L'effrontée de Claude Miller avec Charlotte Gainsbourg, elle a été reprise par Karen Cheryl avec le titre Les nouveaux romantiques, et récemment interprétée par Hélène Ségara en langue originale !
LES MENEURS DU JEU
Amadeus et Fiorello, quel sacré duo de présentateurs ! Notre "italianité" ne saurait être parfaite sans la connaissance de ces deux grands complices et vecchi volponi du petit écran transalpin qui ont bien sûr distribué les prix de la kermesse, et... dont les exploits et la bonne humeur nous ont entraînés jusqu'au cœur de la nuit pendant les cinq soirées du Festival.
Fiorello, Diodato, Amadeus
FEMMES, ON VOUS AIME
Et donc un grand bravo à ces deux hommes qui... ont su s'entourer de plusieurs femmes (rappelons en particulier les co-présentatrices Diletta Leotta et Rula Jebreal) qui - il est important de le souligner - ont célébré la femme chacune à sa manière. Sans compter la touchante chanson fuori concorso de Gessica Notaro, finaliste à Miss Italie 2007, qui avait été défigurée à l'acide par son ex-compagnon. Invitée sur la scène de l'Ariston, elle a proposé avec Antonio Maggio La faccia e il cuore (Le visage et le cœur) dont le texte a su émouvoir autant que son intervention au "Roof" : « Si les femmes subissent tant de violence », a-t-elle dit aux journalistes, « c'est parce qu'il y a souvent, de la part des hommes, une non-acceptation du "non". Pour eux, être quittés est un échec, et leur première pensée n'est pas : "Comment vais-je faire demain sans elle ?" mais "Avec qui ira-t-elle ? Elle ne sera plus à moi ! ". Blessés dans leur orgueil, ils peuvent être capables de l'inimaginable. »
Gessica Notaro avec Antonio Maggio
MAESTRO ET HUMANISTE
Un "maestro" de la chanson italienne partage les mots de Gessica Notaro : Stefano Palatresi, à Sanremo pour RAI Italia, insiste à notre micro sur l'importance d'un tel témoignage « sans aucun filtre ». « Cela pourra sûrement aider toutes les femmes », déclare-t-il, « que de conseiller à certains hommes - comme il est très bien dit dans La faccia e il cuore - de toujours garder les mains dans les poches et... ne les sortir que pour une caresse ».
Et à la question : « Quelle chanson de Sanremo, toutes éditions confondues, auriez-vous aimé écrire ? », la réponse de Stefano Palatresi est claire, nette et... partagée cinq sur cinq par Nissitalie : la sublime Canzone per te, de l'inoubliable Sergio Endrigo ! La festa appena cominciata / è già finita... (la fête qui vient de commencer / est déjà finie...)
POLÉMIQUES ?
Notre billet touchant aussi à sa fin, faudrait-il y ajouter notre grain de sel sur les petites et inévitables polémiques autour du Festival (Morgan, Bugo et autres) ?
Bugo
Mais non mais non ! Ajoutons plutôt, avant de nous quitter, quelques mots sur...
... LES ARTISTES !
Vraiment un bon cru, ce Festival de Sanremo 2020 : il y en a eu vraiment pour tous les âges et, comme on dit en politique, pour toutes les "sensibilités". Les chanteurs sont vraiment « les amplificateurs de tout ce qui nous entoure », comme dit si bien Simona Molinari, la talentueuse interprète de la "cover" E se domani de Mina en duo avec Raphael Gualazzi à Sanremo. Quant à nos goûts, les voici : nous avons particulièrement aimé Diodato, Francesco Gabbani et les Pinguini Tattici Nucleari (les trois du podium, comme par hasard !), et puis Paolo Jannacci, Marco Masini, Michele Zarrillo, Raphael Gualazzi, Tosca, Élodie, Levante ; et, côté Giovani Proposte, Tecla, Leo Gassmann, Marco Sentieri, Gabriella Martinelli et Lula. Pour les autres, nos avis sont partagés et... c'est normal, nous sommes trois !
Paolo Jannacci
Francesco Gabbani
Mais, mis à part les chanteurs, il y a eu à Sanremo deux autres grands artistes : l'excellent scénographe Gaetano Castelli et Stefano Vicario, l'épatant réalisateur qui, sur La Stampa, révèle ainsi son objectif : « Saisir les émotions » grâce aux caméras qui sont pour lui « les touches d'un instrument ». Et les prises de vue ? « Elles forment un concert ! ». En effet, le Festival ne pouvait être mieux dirigé, grâce aussi à une squadra RAI défiant toute concurrence, parole de Nissitalie !
Le réalisateur Stefano Vicario et les décors de Gaetano Castelli
Et la RAI, c'est aussi le très célèbre et sympathique Vincenzo Mollica, vétéran de la télévision italienne à son dernier Festival de Sanremo... car bientôt à la retraite. Inoubliables, ses interviews depuis le balcon de l'Ariston !
Mika & Mollica !
Sans compter, bien sûr, les invités du Festival : rappelons la touchante performance de Paolo Palumbo, chanteur atteint par la maladie de Charcot ; et puis les cinq soirées de Tiziano Ferro (sa version franco-italienne de Perdono, vous souvenez-vous ?) et les "internationaux" Zucchero, Tony Renis (Dimmi quando tu verrai / Dimmi quando quando quando), Massimo Ranieri, Albano et Romina Power, Mika, et... les déjà cités Ricchi e Poveri ! Côté cinéma, l'incroyable Roberto Benigni et les acteurs des films Gli anni più belli et La mia banda suona il pop ; et, pour la télévision, nos invitées préférées : Margherita Mazzucco et Gaia Girace, "prodigieuses" interprètes (sur RAI Uno, bien sûr !) de la série TV L'amica geniale tirée de la quadrilogie d'Elena Ferrante.
Margherita Mazzucco (Lenù) et Gaia Girace (Lila)
CARABINIERS
Voilà, nous avons été peut-être un peu prolixes, mais cette fête de la Chanson Italienne dont la popularité est comparable à celle du Festival de Cannes français, et... qui a mérité l'hymne national de l'orchestre des Carabinieri, valait bien ces quelques lignes supplémentaires !
DES MAINS
Nous vous quittons donc, chers amis de Nissitalie, en signant notre billet de nos propres mains : celles de Lilli et de Marina montrant leurs lectures dans le train du retour, et celle de Maurizio qui, comme Francesco Gabbani, montre un radieux Diodato en couverture de Sorrisi e Canzoni. Ciao ciao Sanremo, un bacio ancora...