DU RENOIR DANS LE NOIR
Dur de garder le moral en des temps si obscurs. Essayer de se distraire, par exemple par le cinéma, la télé ou la toile ? Difficile de dénicher du bon travail face à une offre pléthorique de films, programmes et réseaux sociaux souvent douteux. Il faut du temps et de la patience, pour bien choisir.
Fort heureusement, il y a parfois à portée de main certains anciens objets en papier qu'on appelle livres. En voilà un, dans notre bibliothèque, que nous avons acheté pour cinq euros chez un bouquiniste du Cours Saleya. C'est une "édition d'art" suisse de 1954, un livre pourtant quasi neuf sur Renoir (Pierre-Auguste, le peintre) que son ancien propriétaire - sûrement quelqu'un de cultivé, une dédicace en belle écriture sur la page de garde en témoigne - a dû soigneusement conserver avant la cession, peut-être de la part d'un descendant, à un "débarrasse caves et greniers". On peut y admirer les œuvres les plus célèbres (du "Déjeuner des canotiers" au "Moulin de la Galette") de ce peintre échappant à certaines normes artistiques de son temps. Un humaniste pour lequel « un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui, jolie ! Il y a assez de choses embêtantes dans la vie pour que nous n'en fabriquions pas encore d'autres ».
Denis Rouart, "Renoir" - Éditions Albert Skira, Genève 1954
Et c'est justement pour nous extraire - ne fût-ce qu'un moment - du noir qui nous entoure, que nous illustrons ce billet par sa "Danse à Bougival", parfait exemple de ce goût de la vie nous offrant des atmosphères radieuses et des visages on ne peut plus expressifs. Dans cette danse, une jeune femme à l'air tendre et timide évolue dans les bras d'un homme visiblement ravi par sa beauté. Un impeccable cavalier que l'on voudrait imaginer, par les temps qui courent, comme le parfait exemple de la gentillesse masculine à l'égard de l'autre moitié du ciel...
P.S. Nous pensons bien, en prononçant ce souhait de respect et de tendresse, à Giulia Cecchettin, étudiante italienne tuée à 22 ans par son ex-fiancé : son tragique destin est évoqué dans le dernier billet de notre Maurizio Armondi, sur son blog Ma maison sur la Côte d'Azur.
Giulia Cecchettin