"SANREMO" SANS SANREMO
Quid du Festival de Sanremo (ou, plus familièrement, "Sanremo") quand on ne se rend pas... à Sanremo pendant son célèbre festival de la chanson italienne ? Que dire, en somme, de "Sanremo" sans Sanremo ?
Rien de mal, au fond. Car quand il y a "Sanremo" à Sanremo, beaucoup de gens rêvent d'être à Sanremo, et... trop de gens vont à Sanremo.
Nous aussi, nous avons longtemps rêvé d'aller à Sanremo pour "Sanremo" et, à force de rêver, nous avons fini par aller à Sanremo.
Avec notre Nissitalie - et même avant, avec plus d'une radio - nous nous sommes rendus plusieurs fois à Sanremo, pour raconter faits et chansons de "Sanremo".
Nous avons fréquenté la salle de presse et les hôtels des artistes, et nous avons assisté, au théâtre Ariston, aux répétitions du Festival de Sanremo.
Nous nous sommes promenés dans les rues de Sanremo, où nous avons croisé, justement, ce "trop" de gens qui... vont à Sanremo pour "Sanremo".
Et tout cela a toujours été très festif, bouillonnant et, ça va sans dire, quelque peu fatiguant.
Sans compter qu'en allant à Sanremo pour "Sanremo", nous ne pouvions pas voir "Sanremo". Puisque nous restions à Sanremo jusqu'à tard le soir pour réaliser nos interviews, il ne nous restait plus grand-chose de la Grande Messe de Rai 1 quand nous rentrions chez nous, et nous devions nous contenter d'un "Sanremo" en différé grâce à nos enregistrements programmés pendant la semaine festivalière.
Mais, un certain vilain virus et d'inévitables mesures sanitaires s'étant chargés de nous empêcher ces déplacements à Sanremo, nos deux derniers "Sanremo" se sont passés chez nous plutôt qu'à Sanremo.
Or, soyons francs : Sanremo est adorable, mais même ces deux années de "Sanremo" sans Sanremo ont été fort appréciables. Elles nous ont permis de savourer, bien calés dans notre canapé et en toute tranquillité, les cinq soirées (12 millions de téléspectateurs en moyenne) de la 72ème édition de ce "Sanremo 2022". En voici, si vous voulez bien, quelques petits souvenirs : en commençant par...
AUTRE CHOSE
Mais oui, ne le saviez-vous pas ? Le "Sanremo" n'est pas que des canzonette, il est aussi autre chose ! Cette année-ci, par exemple, on a parlé mafia sur la scène de l'Ariston : et c'est Roberto Saviano, l'écrivain napolitain auteur de Gomorra, qui nous a rappelé le courage des juges Falcone et Borsellino à l'égard de cette gangrène qui leur a coûté la vie et qui continue de menacer - non seulement en Sicile ou en Italie - femmes, hommes, entreprises et institutions.
UNE SÉRIE GÉNIALE
Autres Napolitaines à l'honneur à l'Ariston et sur Rai 1, Margherita Mazzucco et Gaia Girace, les Lenù et Lila du chef-d'œuvre planétaire L'amica geniale d'Elena Ferrante. Belles et talentueuses, ou talentueuses et belles ? Regardez la série si vous ne la connaissez pas encore, et vous aurez du mal à répondre à cette question. Et puis lisez le(s) livre(s) d'Elena Ferrante, vous n'aurez pas de mal à reconnaître qu'il s'agit là d'une auteure aussi mystérieuse que... géniale !
OUI, MAIS LES CHANSONS ?
Attendez, on va y arriver après deux autres autres choses : la première, c'est l'exécution de l'hymne italien par l'orchestre de la Guardia di Finanza : c'est désormais un grand classique, le Fratelli d'Italia proposé à "Sanremo" par des militaires !
Et puis il y a cette image de la salle de presse du Festival, avec des journalistes "compartimentés" et, bien évidemment, moins nombreux que d'habitude pour cause du susdit virus...
CHANSONS ET CHANTEURS
Les voici, donc, les chansons : nous vous en proposons trois. Celle de Gianni Morandi d'abord, un jeune homme de... 77 ans qui n'est pas spécialement connu en France mais qui, à partir des "fabuleuses sixties" italiennes, est une véritable star dans la Péninsule. Au "Sanremo" 2022, il a présenté Apri tutte le porte.
La chanson d'Elisa maintenant. Cette auteure-compositrice-interprète aux multiples récompenses - elle a même remporté le "Sanremo" 2001 avec Luce - a proposé cette année une mélodie à la fois "à l'ancienne" et contemporaine, O forse sei tu.
À suivre, celle du duo plutôt inattendu formé par Mahmood (vainqueur de l'édition 2019 avec Soldi) et le jeunissime Blanco (19 ans, beaucoup d'aisance sur scène et pas mal de talent). Selon Le Monde (Aureliano Tonet, 7 Février 2022), leur Brividi est un « modèle de ballade, gracieuse et sensuelle, sensible et consensuelle ».
LE PODIUM
En attendant la proclamation du vainqueur...
La raison pour laquelle nous avons choisi ces trois chansons est donc toute simple, ce sont celles du podium de ce "Sanremo" 2021. Et quand on annonce un podium, on commence toujours par la troisième place : c'est Gianni Morandi qui l'emporte et qui, sous le regard du maire de Sanremo Alberto Biancheri, est félicité ici par le Grand Organisateur du Festival (l'infatigable Amadeus qui est, lui, à son... troisième exploit).
Quant à la deuxième place du podium, elle revient à Elisa qui, légèrement "touchée" par le Covid à quelques semaines de la Grande Kermesse, a finalement été testé négative et... bien récompensée !
Et le vainqueur ? Il faudra mettre l'article au pluriel : très logiquement, les vainqueurs sont en effet Mahmood et Blanco qui, "floutés" par un nuage de confettis dorés, en sont heureux comme deux papes... de la nouvelle chanson italienne. Mais peut-être aussi européenne, puisqu'ils participeront de droit au prochain Eurovision Song Contest !
EN CONCLUSION
Nous avons, bien sûr, aimé ces trois chansons... et beaucoup d'autres. Comme, par exemple, Chimica (Ditonellapiaga et Rettore), Ciao ciao (La rappresentante di Lista) Ogni volta è così (Emma), Dove si balla (Dargen D'Amico), Duecentomila ore (Ana Mena), Tuo padre, mia madre, Lucia (Giovanni Truppi), Miele (Giusi Ferreri), Abbi cura di te (Highsnob et Hu), Lettera di là dal mare (Massimo Ranieri), Ti amo non lo so dire (Noemi); et même deux chansons ayant suscité, au tout début, quelques polémiques : Sesso occasionale (Tananai, un des promus de "Sanremo Giovani") et Domenica (Achille Lauro, déjà bien porté par la "nouvelle vague" musicale transalpine).
Ce ne sont, bien sûr, que nos goûts personnels ; et nous vous incitons à écouter vous-mêmes (et éventuellement apprécier) toutes les chansons de ce "Sanremo" 2022 : une joyeuse compétition musicale que l'on peut aimer un peu, beaucoup, passionnément ou à la folie, mais que l'on préférera sans aucun doute à d'autres affrontements qui, eux, frôlent vraiment la folie et qui, au moment même où nous écrivons ces notes, déchirent peuples et consciences à deux pas de notre Europe. Vive la musique, bien entendu ; mais, surtout et toujours, vive la paix, le dialogue, la fraternité...